Brassaï

Brassaï : Photographe et écrivain,
de « Paris de nuit » à « Histoire de Marie »

En 1932, Brassaï publie un ouvrage photographique Paris de nuit qui le rend immédiatement célèbre et fait même de lui un maître à imiter. Mais Brassaï ne sera pas que photographe, il sera aussi écrivain.

L'oeil de Brassaï

L’oeil de Brassaï

Ecrivain prolixe et éclectique. Il écrira sur Picasso, Miller et Proust entre autres. Ses Conversations avec Picasso sont un best-seller. Cependant, ce sont certainement de courts textes narratifs dont il dit que « cette littérature n’a encore ni nom ni état civil » qui marqueront le plus l’histoire littéraire. Le plus abouti de ses textes est sans aucun doute « Histoire de Marie ».

Brassaï fait lui-même le rapprochement entre ses photographies et ses textes dans la préface d’un ouvrage « Paroles en l’air » publié en 1977 dans lequel on retrouve Histoire de Marie.
« J’ai écrit les textes de Paroles en l’air dans l’esprit de mes photographies, l’oeil ayant cédé la place à l’oreille. II ne s’agissait plus de camper des images, mais des personnages dans leurs propres éclairages… »
A propos de Marie, plus précisément, il écrit : « Les êtres comme Marie, analphabètes – spécimens heureusement de plus en plus rares -, ne pensent pas d’après ce qu’ils ont appris dans les livres et les journaux, comme Monsieur Tout le Monde, mais d’après les idées originales qui naissent dans leur tête. Ils voient et jugent toutes choses avec la fraîcheur et l’intensité du primitif ou de l’enfant.
Privés de lumière, disait d’eux Proust, ils sont pourtant « plus naturellement apparentés aux natures d’élites que ne le sont la plupart des gens instruits ».

Enfin, il conclut par « L’artiste ne doit pas être le juge de ses personnages ni de ce qu’ils disent, mais être seulement un témoin impartial. Mon rôle n’est que d’avoir du talent, autrement dit de savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, de savoir éclairer mes personnages et de les faire parler ».

Dans ces lignes, c’est bien l’esprit de la photographie qu’exprime Tchékhov, et si entièrement que je les signerais volontiers comme ma propre « profession de foi ».

Un récit construit à partir de ce qu’il entend dans la rue

Brassaï est né le 9 septembre 1899 à Brassó en Transylvanie d’un père hongrois et d’une mère arménienne. Quand il a trois ans, sa famille s’installe à Paris où son père enseigne la littérature à la Sorbonne pendant une année.
Etudiant, il suivra les cours de peinture et de sculpture à l’école des beaux-arts de Budapest.
En 1920, il rejoint Berlin où il travaille comme journaliste, tout en s’inscrivant aux cours de l’académie des beaux-arts de Berlin-Charlottenburg.

Quatre ans plus tard, il s’installe définitivement à Paris. Il apprend le français en lisant les oeuvres de Marcel Proust et se fait, désormais, appeler « Brassaï », qui signifie « de Brassó », sa ville de naissance.

Brassaï se lie aux écrivains et artistes en vogue tels Henry Miller, Léon-Paul Fargue, Jacques Prévert et Picasso. Il exerce toujours le métier de journaliste. Vers 1930, essentiellement pour documenter ses articles, il s’intéresse à la photographie. Ce média encore à découvrir va le fasciner.
En 1932, il publie son premier recueil de photographies, Paris de nuit, qui va le rendre célèbre. Son style personnel, le travail des ombres et de la lumière, ses sujets populaires feront de lui un maître à imiter, il va aussi photographier nombre de ses contemporains, tels Salvador Dalí, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti et certains des écrivains majeurs de l’époque : Jean Genet, Henri Michaux.
Il signera également une série de photographies de mode, pour Harper’s Bazaar entre autres.

Il sera un des premiers à estimer les graffiti qu’ii considérait comme l’expression de l’inconscient de la ville et une forme d’art de la part des anonymes. Brassaï va les photographier sur une longue période.
Le lien avec la transcription de paroles anonymes ou de gens de peu est manifeste chez l’artiste.
S’intéressant à l’écriture à travers Goethe et Proust, il s’essaiera au récit construit à partir de ce qu’il entend dans la rue. Il dira que son oeil a fait place à son oreille. Effectivement ses textes sont des sortes d’instantanés dont la juxtaposition fait une histoire. Dans cette série, il y a bien entendu, Histoire de Marie, mais aussi Le Bistrot-tabac, Le Chauffeur de Taxi et Soliloque à la fermeture. Il écrira aussi sur Miller, Proust, et Picasso.

Brassaï sera aussi cinéaste. En 1956, son film Tant qu’il y aura des bêtes gagne un prix à Cannes.
Le photographe, écrivain, cinéaste meurt en 1984, à Eze dans les Alpes-Maritimes. Il est enterré au Cimetière du Montparnasse à Paris.

 

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